Mort d’une jeune recrue de moins de 20 ans
Mort d’une jeune recrue de moins de 20 ans
par Michel Guironnet.
Jean Marie Duplomb n’avait pas 20 ans. En avril 1916, alors qu’il est dans un bataillon d’instruction et loin du front, il meurt d’une fracture du crane provoquée « par la chute d’une bombe ennemie ». Que s’est-il passé ?
Jean Marie Duplomb
Né à Saint Clair du Rhône (Isère) le 15 août 1896, Jean Marie est le fils de Jean Duplomb et de Marie Bracoud. Il vit avec ses parents, cultivateurs, et ses frères et sœurs sur « le plateau de Glay », hameau sur les hauteurs de la commune.
Le pays est en guerre depuis bientôt deux ans…et l’Armée a besoin d’hommes sur le front. Le départ des jeunes conscrits est anticipé. A 19 ans à peine ; Jean Marie Duplomb est incorporé, comme « jeune recrue de la classe 1916 », le 8 avril 1915 au 158e Régiment d’Infanterie. Il est affecté au 9e bataillon, 34e Compagnie, caserné à Belfort. C’est un bataillon d’instruction, passage obligé avant de rejoindre, en renfort, le régiment sur le front. Ses troupes sont alors dans le Pas de Calais, dans le secteur Aix-Noulette Souchez.
Sa fiche sur le site « Mémoire des Hommes » précise : « Soldat de 2e classe ; 158e Régiment d’Infanterie, 34e Cie…Mort pour la France le 17 avril 1916 à Belfort…Genre de mort : fracture de la base du crâne provoquée par la chute d’une bombe ennemie »
Deux articles du quotidien « L’Alsace » [1] nous éclairent sur les circonstances de ce décès à Belfort :
20 avril 1916 21 avril 1916
Malgré la censure, qui impose alors de masquer les numéros de régiment, nous connaissons les deux autres victimes. Ce sont, comme Jean Marie Duplomb, de jeunes recrues de la classe 1896 au 158e Régiment d’Infanterie ; originaires de la Loire :
Jean Marie Joseph Charbonnier est né le 9 août 1896 à Saint-Etienne
Joseph Louis Bouclon est né le 23 avril 1896 aux Salles, près de Noirétable
Sur la fiche de « Mémoire des Hommes » de Jean Marie Charbonnier, il est dit : « mort à l’hôpital de Belfort (des suites de) blessures de guerre » Celle de Joseph Louis Bouclon porte simplement « tué à l’ennemi »
Adrien Léon Quitteville, du 233e régiment d’infanterie, meurt le 18 avril à l’hôpital de Belfort de blessures de guerre. Est-il lui aussi victime du bombardement ? Il ne semble pas car sa fiche matricule précise qu’il décède « à l’hôpital temporaire Ste Marie à Belfort (hémorragie après chute) »
« Les bombardements aériens allemands commencent au début du mois de septembre 1914 sur Belfort ; d’autres villages comme Giromagny ou Valdoie sont également soumis à bombardements. En janvier 1915, le gouverneur militaire Thévenet établit un système d’alerte. L’alarme est donnée par une sonnerie de clairon provenant du poste du château et relayée par les différentes casernes de la place. Les bombardements nocturnes ont un effet particulièrement désastreux pour le moral de la population…La construction d’abris se poursuit. Les raids allemands sont irréguliers et, par chance, la chasse française maîtrise le ciel ; cet ensemble de facteurs se traduit par un bilan en vies humaines plutôt moindre par rapport à ceux observés dans d’autres places fortes bombardées » [2] |
A Saint Clair du Rhône, son acte de décès ; transcrit dans les registres le 28 novembre 1916 ; nous apprend que Jean Marie meurt « à minuit trente » Il repose à Belfort, au carré militaire « Brasse » tombe numéro 44.
Carré militaire du cimetière de Brasse à Belfort
La croix de Jean-Marie Duplomb touche celle de Jean Marie Charbonnier enterré derrière lui.
Merci à Jean Baptiste pour ces photos
Notes
[1] Sur le site des archives départementales du Territoire de Belfort
[2] Extrait de « 1914-1918 le Territoire de Belfort dans la Grande Guerre » publié à l’occasion du Centenaire de 1914 par les archives départementales du Territoire de Belfort