La chimie à Saint Clair du Rhône
NOTA: ces articles seront développés et agrémentés prochainement.
La chimie: La commune de Saint Clair du Rhône doit son développement économique et démographique à deux entreprises chimiques qui s’implantent sur son territoire à partir de 1917. Celles-ci s’installent sur des terrains non inondables délimités à l’ouest par le Rhône, et à l’est par la route départementale et la ligne ferroviaire du PLM.
C’est en 1917, soit un an après son installation sur la commune voisine des Roches de Condrieu, que la Compagnie Française de Produits Chimiques et de Matières Colorantes transfert ses installations à Saint Clair du Rhône. Son objectif est d’envergure : occuper le marché des colorants synthétiques alors apanage des sociétés allemandes. Prospère, l’entreprise se développe rapidement. Elle fusionne avec d’autres sociétés pendant la seconde guerre mondiale, prenant l’appellation Francolor, avant de passer aux mains de grands groupes industriels (Ugine-Kuhlmann dans les années 1960, Péchiney en 1971 puis Ici, ZENECA et enfin STAHL. La production initialement axée sur les colorants au souffre destinés à l’industrie textile, se diversifie grâce à la fabrication des colorants indigoïdes qui ouvre la voie à d’autres marchés tels que le papier, l’encre, le bâtiment et surtout le cuir.En 1917, une seconde entreprise, la société Progil rejoint le site. La nouvelle usine est implantée immédiatement au nord de la précédente. Elle produit du phosphate de soude puis, à partir des années 1930, des lessives. L’usine se développe également considérablement et intègre le groupe Rhône Poulenc en 1969. Sa production, qui se diversifie, évolue vers les produits de base pour engrais, alimentation animale, agroalimentaire ou détergents. Les architectures des bâtiments industriels, générés par ces deux sociétés, sont très caractéristiques de l’industrie chimique. Les premières constructions sont plutôt de grandes halles à pans de fer hourdés de moellons de mâchefer qui sont établies « autour » des machines de production. Pour des questions de sécurité, celles-ci sont pourvues de charpentes métalliques et surmontées d’un lanterneau pour l’aération. Peu à peu, dans un souci d’économie et suite à l’invention de nouveaux procédés techniques (thermorégulation par exemple), les équipements et les machines (tuyaux, gaines, etc…) sortent des murs et prennent place, à la vue de tous, à l’intérieur d’imposantes ossatures en béton armé puis métalliques.Face à leur développement et au besoin en main d’œuvre, les deux sociétés adoptent une politique de construction de logements à destination de leur personnel.Ces politiques, très proches, évoluent d’une même façon : logements collectifs vers 1930, habitations individuelles avec accès à la propriété à partir de 1950. Les matériaux de construction employés pour cet habitat sont peu coûteux et non originaux : comme la majorité des édifices présents sur la commune, celui-ci est bâti en moellons de mâchefer sur un soubassement en béton. Francolor est à l’origine de deux cités ouvrières. La cité Berthelot, érigée en 1930 aux abords de l’usine, réunissait 22 maisons de 4 logements réservées aux ouvriers mais aussi aux contremaîtres. Les ingénieurs, quant à eux, disposent de 7 villas de 2 logements construites de part et d’autre d’une rue située dans le prolongement est du bourg. Suffisamment éloignées de l’usine, elles bénéficient d’un environnement de qualité. Leur architecture, particulièrement soignée, s’inspire des villégiatures de l’époque avec faux pans de bois peints et bandeaux en béton armé. La seconde cité ouvrière est plus tardive puisque construite en 1952. Composée de 18 maisons jumelées, elle est établie sur le plateau de Glay, dans une zone totalement agricole et distante de plus de 2 km du site chimique. L’ensemble de cet habitat forme un tout peu homogène, dispersé sur le territoire de la commune. Progil, au contraire, rassemble ses logements le long de la route principale, sur une parcelle reliant le site chimique à la commune voisine Les Roches de Condrieu. La construction des cités ouvrières intervient en trois temps, avec un éloignement progressif par rapport à l’usine : 24 logements, répartis en 8 bâtiments, sont bâtis à proximité du site de production dès 1928, puis ce sont 16 chalets qui forment en 1950 le clos Champin suivi, en 1962, de 8 maisons de contremaîtres. Un peu plus au nord, et en limite de commune, 2 maisons d’ingénieurs construites en 1928, avec leur façades en placage de pierre et leur décor en béton de faux pans de bois, rappellent une certaine architecture francilienne. Comme pour Francolor, l’habitat de Progil traduit de façon évidente les hiérarchies professionnelles.Depuis les cités les plus proches des usines furent détruites : les cités Progil en 1964 et les cités Berthelot en 1987.